Spectacles tout public
Entrer chez quelqu'un c'est s'inspirer de ce qu'il est, s'adapter à son lieu pour y réaliser une proposition théâtrale autour de l'intimité. C'est inviter les amis, les collègues, les voisins à une confidence et découvrir que le théâtre se niche partout où on l'accueille. Le théâtre commence comme ça, par le simple échange, l'écoute d'un groupe rassemblé pour le partager. Un regard... et il naît.
Appartements témoins / Création 2007
[Une forme théâtrale chez l'habitant]
Mise en oeuvre : Adeline Benamara
Texte d'après "L'art du sentiment" de Sophie Lannefranque
Avec : Cécile Vernet, Sophie Lannefranque
Une femme, un appartement.
Elle: célibataire sans enfant,
auteur sans éditeur, en vie
sans envies. Quelque chose manque...
Une tentative de survie dans la solitude teintée de ridicule et de voracité désespérée.
Regardez dans une minute je vais lancer les bras en l’air avec une vivacité extraordinaire puis je catapulterai le reste de mon corps dans la foulée je rebondirai sous forme d’une folle danse entre les fauteuils vous pouvez regarder je ferai plusieurs roulés-boulés assez techniques avant de suspendre un instant ma position pour m’élancer à nouveau dans l’espace regardez sinon vous n’allez pas voir je ne me ferai pas mal juste une suite de convulsions acrobatiques en riant j’ai l’habitude je deviens une sorte de boule de feu irradiée décuplée vers l’horizon pour atterrir dans le parfait inconnu vous allez voir cette musique qui me transcendera ce vêtement moulant et j’atteins des sommets organiques telle un flux de matière exaltée oubli total des limites émerger c’est tout et c’est vraiment ce qui arrive sans trucage par ma volonté lâche prise le tout devient moi et je deviens réunie à l’immatériel et enfin je peux le dire réconciliée avec l’ensemble des phénomènes cosmiques dont j’ai été privée par la succession broyeuse des événements socio-éducatifs qui me constituent me constituaient et j’ose le dire pulvérisent pulvérisaient ma personnalité jusqu’à l’os
(...)
Sophie Lannefranque
Quelque chose manque
quelque chose avec du goût
quelque chose auquel se livrer
dans lequel s’abattre de tout son long
Je me suis assez parcourue
mes organes
juxtaposés dans mon corps
des étagères dans un placard
rien d’autre fastidieux tout est
-même mes cheveux tombent-
fastidieux
comme aujourd’hui
où je dois me planter un ongle dans la main
pour sentir quelque chose
Si personne ne vient
je vais finir
par me confier
aux vitres
Je ne suis pas une fleur
On peut me cueillir
Je vais m’asseoir dans la rue
Et attendre
Qu’il passe
Heureusement je ne suis pas seule
il y en a d’autres
Extraits :